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4 décembre 2012 2 04 /12 /décembre /2012 17:57

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Editions Elzévir

Roman

473 pages

19.90 €

 

Résumé :
Benjamin Moldock est un forban renommé qui sévit en Méditerranée. Sa rencontre sur l’île de Malte, d’abord avec un vieux sage qu’il surnomme Merlin, puis avec Annabella dont il s’éprend, va changer sa manière d’appréhender la vie. Malheureusement, au début de leur aventure, cette femme l’envoie aux galères en le trahissant auprès de son ancien amant, un homme à la colère insatiable. Mais Benjamin veut à tout prix sauver son histoire d’amour. Colette Becuzzi a étudié la littérature anglaise. Après avoir illustré ses contes pour enfant, elle a décidé de se consacrer au roman d’aventures.

 

Mon avis :
Ce récit tente de renouer avec un genre particulièrement apprécié dans notre enfance : le roman d'aventures qui fait sillonner les pirates sur les mers agitées de Méditerranée. Dans cette veine, on retrouve dans Merlin la traditionnelle galerie de personnages qui traverse ce type d'intrigue : un certain Gargouille, défiguré par une vie faite de rapines à bord des galères ; Bras-de-fer, l'homme de toutes les aventures ; Moldock, le héros du livre et forban de son état ; Annabella, la belle courtisane convoitée par deux hommes ; le Chevalier de Malte qui voue à son rival Moldock une haine irréconciliable...Tous les ingrédients sont présents pour former a priori une intrigue trépidante comme dans nos plus beaux souvenirs de lecture : qu'on se souvienne de L'île au trésor de Stevenson ou de quelque roman de cape et d'épée à la Dumas.
L'auteur n'a d'ailleurs pas ménagé ses efforts pour documenter son récit autant que nécessaire sur le chapitre éminemment technique de la navigation : les nombreuses notes en bas de page exhumées le plus souvent de sites trouvés sur le net, attestent de cette exigence.
Ce roman est le résultat d'un travail que je souhaiterais saluer. Mais je n'ai pas été totalement convaincue par les choix de l'écrivain qui au lieu d'assumer le parti pris de l'aventure, a vidé ses personnages de leur substance : Moldock, le héros est fatigué de la piraterie, la violence le dégoûte ; Annabella est une courtisane qui désire se ranger. Au lieu de personnages irrigués par la sève de l'action, nos héros sont des avatars de notre époque traversés par des questions existentielles façon New Age dont l'inspirateur est un "vieux sage", personnage éponyme du roman qu'on pourrait comparer à Maître Ioda, le fameux Jedi de Star Wars qui délivre ses principes en inversant le thème du prédicat.
Ici, on a un festival de lieux communs qui transforme ce roman de piraterie en bazar de la psychologie moderne : "En chacun de nous sommeille un être magnifique que nous ignorons. Mais lorsque nous nous relions enfin à lui, l'amour s'éveille et se déploie en nous comme le papillon lorsqu'il sort de sa chrysalide. (...) " On se croirait en face d'une caricature de traité du zen délivré aux yoggistes du dimanche en mal de "bien-être"(p.47) Plus loin, on lira que "les apparences sont trompeuses" (Est-il besoin d'un tel gourou pour nous l'apprendre ?), on découvrira également que "tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir" et j'en passe. Le pire arrive quand Il est fait état de "karma" dans la bouche de Merlin ! Cette hybridation celtico-bouddhiste finit par consterner.
Mais si seulement, il fallait s'arrêter là. Non, car le roman pratique l'ellipse et du coup, les événements les plus susceptibles de nous captiver sont passés sous silence ou sommairement racontés. Par exemple, la rencontre amoureuse, capitale pour le roman, est décrite succinctement, comme dans une pause de roman-photo "Lorsque leurs regards se croisèrent, ils se sentirent inexorablement attirés l'un vers l'autre." Que de clichés ! Et que dire de ces phrases introspectives, toutes calquées sur le même modèle : "Elle pensait ceci, mais avait-elle raison de le croire ?". Sans compter enfin sur cette langue qui emprunte à notre période ses pires tours comme "stopper" (p.21) ". On appréciera le langage "d'époque" ! D'ailleurs, surgit un autre problème, le roman, s'il s'ancre dans un espace, n'approfondit pas l'époque et son contexte particulier. 
La quatrième de couverture indique que Colette Becuzzi a illustré des contes pour enfant et, voyant la couverture illustrée par ses soins, on comprend qu'elle détient un talent particulier pour cette activité ; écrire est une autre activité qui requiert d'autres aptitudes.
Joëlle

 


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commentaires

C
Chère Joelle,<br /> <br /> Merci de votre chronique. Je n’ai pas écrit ce livre dans le but de raconter une histoire de piraterie car d’autres auteurs l’ont fait avant moi, sans doute beaucoup plus brillament, tel Björn<br /> Larsson lorsqu’il décrit la vie de Long John Silver (un pirate dont les exploits ont fait de lui l’anti-héros de L’île au trésor de Stevenson). Je fais un travail de développement personnel depuis<br /> de nombreuses années et je sais combien on peut changer par ce biais. Je suis parfaitement consciente de l’énorme fossé entre les personnages du début de mon roman et ce qu’ils deviennent à la fin.<br /> L’exagération n’est-elle pas parfois nécessaire pour mieux faire comprendre combien un changement peut être radical. Je vous citerai un auteur dont la vie a basculé du tout au tout en très peu de<br /> temps : Eckart Tollé, Le pouvoir de l’instant présent aux Editions Ariane. Je n’ai pas la prétention d’être au même niveau spirituel que cet écrivain. Sa lecture peut être très bénéfique pour<br /> lâcher-prise avec notre mental analytique, qui parfois nous joue des tours et nous emmène sur des chemins bien différents de ce que notre être profond aurait aimé nous voir emprunter. Je ne cherche<br /> pas à faire l’apologie de mon livre, je ne cherche par non plus à vous convaincre. Chacun est libre des ses goûts et de ses idées. Je vous souhaite de trouver à l’avenir des ouvrages qui vous<br /> correspondent. Je ne regrette pas votre critique. Elle est ce que vous avez jugé bon d’écrire. Si vous écrivez aussi, donnez-moi quelques uns de vos titres. Je serai ravie d’en prendre<br /> connaissance.
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